Les multinationales rencontrent des difficultés pour connecter les utilisateurs du monde entier à des applications en ligne utiles au quotidien. Souvent, ces applications sont hébergées dans d'autres pays, voire sur d'autres continents. Cela peut générer des problèmes de latence du réseau qui nuisent à l'expérience utilisateur.
Les connexions Internet locales ne sont pas optimales dans la plupart des cas d'utilisation du Cloud. En effet, les performances fluctuent en fonction des conditions d'utilisation locales et du niveau d'engorgement.
Selon Paul Pizzey, expert cloud d'Orange Business, le problème est tel que les clients se préoccupent aujourd'hui davantage des performances que de la sécurité lors d'une migration vers le cloud.
Paul Pizzey - Orange Business
Ainsi et pour exemple, en 2016, une étude Gartner a révélé qu'un utilisateur professionnel sur cinq était confronté à des problèmes de performances lors de l'utilisation d’Office 365, application de productivité dans le cloud de Microsoft.
De l'importance de la localisation de l’hébergement
Pour continuer sur l’exemple précédent, la latence provient non pas de l'infrastructure du centre de données de Microsoft, ni de la leur, mais du réseau qui les relie.
Auparavant, lors de l'exécution de leurs propres applications sur site, les entreprises auraient consolidé leurs centres de données avec différentes installations locales, chacune capable de prendre en charge le trafic de données des utilisateurs.
En optant pour un environnement de cloud public, les entreprises permettent l’accès à leurs applications depuis un centre de données unique à leurs utilisateurs. Il peut arriver que ces derniers se trouvent à des milliers de kilomètres des données et logiciels applicatifs générant des latences. C'est le cas les entreprises interrogées par Gartner.
Les problèmes de latence vont croissant, selon le cabinet d'analyses. D'ici 2019, plus de la moitié des déploiements d'Office 365 présentera des problèmes de performances du réseau qui pourront être aggravés par un manque de contrôle de bout en bout de la connexion. Les entreprises utilisant des réseaux publics ou faisant appel à différents opérateurs pour leurs connexions principales longue distance et leurs réseaux WAN connaîtront davantage de difficultés à gérer les liaisons de bout en bout entre leur centre de données et celui de leur fournisseur d'application.
Lorsqu'il s'agit d'accéder à une application à distance, quelques millisecondes peuvent faire toute la différence. Microsoft recommande des temps de latence aller-retour inférieurs à 275 ms pour ses déploiements d'Office 365 et, idéalement, inférieurs à 50 ms pour le trafic d'Exchange Online. Les exigences pour SharePoint Online sont encore plus strictes : des latences aller-retour dépassant largement les 30 ms peuvent rendre le produit quasiment inutilisable, selon les entreprises interrogées par Gartner.
Des écarts de latence entre les villes
WonderNetwork est une entreprise de test réseau qui assure la maintenance de serveurs dans le monde entier et propose des services de surveillance des performances. Au moment de rédiger cet article, les données mises à disposition par l'entreprise indiquaient une immense disparité de la latence entre les villes. Un paquet de données met 115 ms pour faire l'aller-retour entre Toronto et Amsterdam, tandis que l'aller-retour entre Tokyo et Barcelone nécessite 272 ms.
L'utilisation d'architectures de réseau inadaptées peut entraîner des retards indésirables dans l'acheminement des données. Centraliser la connexion Internet en reliant tous les utilisateurs de l’entreprise au réseau de son opérateur, via un centre de données d'entreprise unique, provoque un « effet trombone » sur le réseau et l'apparition de coupures inopportunes. Un utilisateur à Los Angeles accédant à une application SaaS basée à San Francisco ne devrait pas avoir à faire transiter ses données par l'Atlantique et jusqu'à Londres, avant qu'elles ne lui reviennent. C'est malheureusement ce qui peut se produire avec un système centralisé mal conçu.
Une bonne configuration du réseau permet d'établir des connexions directes entre l'application SaaS et les utilisateurs, plus près du centre de données du fournisseur de l'application, ce qui réduit potentiellement le trajet d'acheminement des données. L'infrastructure réseau peut également être améliorée en optimisant les chemins parcourus entre deux emplacements et en assurant la mise en cache des données.
Autre alternative encore plus efficace pour ceux qui font appel à différents fournisseurs d'infrastructure et de réseau WAN : la possibilité d’installer un routeur WAN d'entreprise directement dans le hub de l'opérateur. L’entreprise peut ainsi se connecter de manière presque transparente au propre équipement de périphérie de Microsoft, via le même hub.
La dernière solution, et la plus homogène, consiste à établir une connexion avec un cloud privé virtuel directement depuis l'environnement du prestataire de services applicatifs.
Moins les entreprises dépendent du réseau public, plus leurs connexions sont susceptibles d'être rapides et constantes. Négocier directement avec un seul opérateur pour une solution WAN d'entreprise et d'infrastructure permet de garantir une latence réseau précise entre le bureau et le serveur SaaS, en supprimant toutes variables d'acheminement et en veillant à ce que le trafic utilisateur régional emprunte le chemin le plus court jusqu'au serveur.
« Quoi que vous décidiez, vous devez le faire de façon proactive », conclut Paul Pizzey. « Mesurer l'expérience utilisateur est essentiel, et de nombreux départements informatiques en sont loin », prévient-il. « Ne vous rendez pas compte trop tard de la faiblesse de l'expérience utilisateur. »
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Lire l’article en anglais : Beyond best effort : why some apps need a better cloud performance
Etat des lieux du cloud, de la PME au grand compte
Danny Bradbury écrit sur l’IT depuis 1989. Il couvre les sujets de technologie pour le grand public et les entreprises pour diverses publications dont le Guardian, le Financial Times et le Canada’s National Post.